Girouettes de Seyr, Frédérique Renard, fabrication artisanale de girouettes

L'histoire de la girouette

Un peu d'histoire

Définition de girouette

Plaque de fer-blanc qui est mobile sur une queue ou un pivot, qu'on met sur les tours et la pavillons pour connaître de quel coté souffle le vent. Ce mot vient de «gyrus» ou de «gyro». Quelques auteurs l'ont appelé ventillogium quasi index venti.
Le mot n'existe sous sa forme moderne dans la langue française que depuis 1509, c'est-à-dire bien après que les premières girouettes furent créées.
Le mot girouette semble devoir son origine à une altération de l'ancien normand «WIRE WITE», lui même provenant de l'ancien nordique «VEDRVITI». Le mot s'est ensuite constitué par la juxtaposition des verbes girer (tourner : 1260 du latin girare) et rouer.

En 1487, on trouve «GIROUET», en 1501 «GYOUETE»

« Ils n'ont maisons que de gyrouettes ». Rabelais, 1549.
Selon l'abbé Pluche, « l'usage d'une girouette pour prendre le vent est aussi ancien que la nécessité d'y avoir recours ».
Selon ses écrits, les Egyptiens avaient recours à la girouette pour démêler le cours de l'air ». Toutefois, ce que l'abbé Pluche dénomme girouette, a une forme peu en rapport avec l'objet qui nous est familier aujourd'hui.
Si nous n'avons pas trace d'une véritable girouette virevoltant dans le ciel égyptien, nous en avons une en Grèce où les vents jouaient un rôle éminent. Ils ont placé les vents sous le sceptre d'Eole dans l'île d'Eolie.

Honorant le vent, les Grecs ont naturellement été amenés à construire un monument à sa gloire : la célèbre «Tour des Vents» fut érigée dans les années 45 av.J.C. par Andronic de Cyrre, architecte grec. Située au pied de l'Acropole, ce monument de forme octogonale de 8 m de diamètre extérieur et de 12 m de haut avait plusieurs fonctions. La Tour des Vents permettait de mesurer le temps grâce aux cadrans solaires disposés sur ces huit faces et indiquer la direction des vents grâce à sa parfaite orientation et à sa girouette représentant un élégant triton de bronze, tenant une baguette à la main.

C'est presque deux histoires de la girouette qu'il faudrait écrire

L'une qui s'attacherait à retrouver la trace de toutes les girouettes, de par le monde, qui furent construites à l'imitation de celles d'Athènes, girouettes purement mécaniques, qui n'ont assumé qu'une fonction, celle d'indiquer la direction du vent. L'autre qui relaterait comment, empruntant un chemin fondamentalement distinct, la girouette fut porteuse de fonctions symboliques, soit exclusivement, soit partiellement, selon les époques. L'usage de placer une girouette sur un édifice semble venir du fait que la prise de possession d'un fief se marquait par la pose d'une bannière. Le titre de chevalier banneret procurait des privilèges, dont celui de mettre une girouette carrée sur sa demeure. Le simple chevalier ne pouvait poser qu'une girouette en forme de pennon. Des girouettes furent donc érigées portant à la vue de tous les titres du propriétaire. En même temps qu'on codifia ses armoiries, on les porta sur les girouettes. Il en va des girouettes comme des armoiries.

Mises à part les girouettes carrées, marques seigneuriales exclusives pour lesquelles les seigneurs n'hésiteront pas à faire appel à la justice pour préserver leur privilège, toutes les autre formes de girouettes se répandirent. «A l'égard des girouettes carrées, comme elles sont des marques seigneuriales, le seigneur peut empêcher le vassal et le tenancier d'en faire mettre comme il a été jugé par arrêt du Parlement de Bordeaux». Renauldon. Du moins en est-il ainsi jusqu'en 1791. Une loi, amplifiant un édit du Parlement de Grenoble datant de 1659, met fin à cet état. «Le droit seigneurial et exclusif d'avoir des girouettes sur les maisons est aboli et il est libre à chacun d'en placer à son gré et dans telle forme qu'il jugera à propos». L'imagination des créateurs s'accorda mal avec le cadre étroit du carré de métal. Les formes de girouettes explosèrent, les sujets traités se diversifièrent. Girouettes chimères, girouettes gueules béantes, girouettes tête de hure, girouettes animaux mythiques et fantastiques firent leur apparition sur les toits. Bravant les siècles, quelques girouettes (de fer le plus souvent, parfois de cuivre) ont résisté aux ans, aux intempéries et aux folies destructrices des hommes.

Pour notre bonheur les girouettes tournoient encore, égayant les cieux

Plus souvent imperturbables, les girouettes sont figées depuis des décennies. Quelques fois la restauration de la toiture leur est fatale... Les métaux les plus divers ont été utilisés : fer-blanc, fer, zinc, laiton, cuivre, etc... Quelques girouettes ont été sculptées dans le bois. Certaines sont peintes. Selon les métaux choisis, les girouettes sont plus ou moins élaborées, selon aussi le talent du dessinateur, la réussite esthétique est plus ou moins grande. Certaines girouettes sont de véritables œuvres d'art.

Dans la dernière moitié du XIXème siècle et au début du XXème , les girouettes furent l'objet d'un véritable engouement populaire. La pose de la girouette était le signe que la toiture était achevée. Comme le charpentier plaçait une gerbe de blé au plus haut de la charpente, le couvreur agrémentait le toit d'une girouette. Le sujet était choisi en fonction, soit du métier exercé par le propriétaire des lieux, soit en raison de son penchant pour une activité particulière, soit pour marquer un trait de son caractère. Quelques fois une girouette renseignait sur l'histoire locale, ainsi est-ce le cas de cette girouette installée sur une maison de Varennes sur Loire, témoignant de la remise d'une décoration par le député Degrandmaison, en 1934, à un ancien poilu s'étant illustré à la guerre de 1914-1918. Durant quelques temps encore, la girouette a régné sur le toit, a accompli son devoir, mais déjà elle avait perdu une partie de son âme. La production industrielle a supplanté la création personnelle avec ses maladresses, ses imperfections, mais aussi ses chefs d'œuvre. Après de glorieuses années, la girouette a connu l'abandon, l'oubli... Mais le temps de la revanche a sonné. Elle orne à nouveau les toitures, retrouvant sa véritable raison d'être. Timidement les bâtisseurs d'aujourd'hui la redécouvre et la réclame aux couvreurs, et aux «girouettiers», signe que le vent tourne !!!